Littérature - Textes - Candide en Absurdistan

suivi de 'L'Affaire Titus par Mark Eyskens
CANDIDE EN ABSURDISTAN
 
           Monsieur Innocent Candide avait été chargé, par la Conférence pour l'Insécurité et le Désordre Mondial (CIDM), d'une mission d'investigation en Absurdistan. C'est dans le cadre de la promotion de la diplomatie préventive que les plus hautes instances internationales avaient fait appel aux services de M. Candide, extraordinaire professeur de droit international, ancien docteur en droit, ex-futur ministre à chaque formation de gouvernement dans son pays, spécialiste de la théorie du chaos, appliquée aux relations géo-politiques. M.Candide naquit d'une manière prédestinée alors que ces deux parents étaient en voyage à l'étranger. Il était en outre le descendant, par un ami de son arrière-grand-mère hypermaternelle, du célèbre collaborateur et assistant de Francois-Marie Arouet, écrivain voltairien oublié du siècle des lumières. L'ancêtre de M. Candide, appelé candide parce qu'il se plaisait à se vêtir d'une redingote toute blanche, fut le nègre obscur et déguisé de son brillant maître. C'est lui, le candide aïeul, qui étaya définitivement, contre Leibniz, la thèse que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Or, en ce premier siècle du troisième millénaire, cette proposition avait repris toute son acuité. En effet la fin de la guerre froide et l'implosion de l'empire soviétique, il y avait 5O ans déjà, avaient inauguré la fin de l'Histoire et le commencement des histoires, l'Union Soviétique ayant été le meilleur et plus fiable ennemi que l'occident ait jamais eu. Depuis lors le droit à l'autodétermination avait porté le nombre d'Etats, membres de l'ONU, à 777, inaugurant ainsi la phase inflatoire de l'histoire des Nations Unies.
         La communauté internationale avait enfin compris qu'il fallait cesser de vouloir imposer la paix dans les 477 pays du globe où des conflits ethniques et éthiques faisaient rage et où l'arrivée des casques bleus étaient rendu impossible par l'amoncellement de cadavres frais sur les pistes d'atterrissage des aéroports. Il était devenu urgent de ne rien faire et de changer le fusil onusien d'épaule en s'occupant sans atermoiements funestes ni précipitations inconsidérées des pays où la situation était encore paisible. Ce fut le cas de l'Absurdistan, république monarchique hybride, Etat ci-devant unitaire, régionalement fédéralisé et verbalement confédéralisé, au moins dans les propos jugés incendiaires prononcés par M. Dufeu, le grand Vizir du Nordistan septentrional. L'Absurdistan, patrie des arts et des pensées, dont les habitants parlaient peu et mal mais en disaient long, pays constamment unifié par deux langues, qui s'ignoraient, et traversé par deux grands fleuves, était considéré comme la Mésopotamie moderne. Les deux fleuves se croisaient à 19 endroits différents au centre du pays dans une région capitale, dominée par le gratte-ciel le plus élevé du continent, qui abritait non plus le parlement du sous-continent, reconnaissable à sa coupole surmontée de 47 étoiles, mais bien le muséum de la dette publique nationale et fédérale. Les riverains des deux fleuves, lesquels portaient quatre noms différents, eurent soudainement l'impression, que depuis de nombreuses années le niveau de l'eau montait dangereusement. Mais les dirigeants politiques prirent immédiatement soin de leur expliquer que ce n'était pas les rivières, qui montaient, mais bien le pays qui descendait. Une fois de plus les rumeurs avaient été mauvaises, mais les nouvelles, en fin de compte, avaient été bonnes.
Le jour arriva où la pénultième révision de la constitution finit par confédéraliser, scinder et transférer les dernières compétences. Seule la pluie, qui tombait abondamment sur l'Absurdistan, resta unitaire car de compétence residuairement fédérale. Par ailleurs l'Absurdistan était un des rares pays où la vérité ne blessait point et le ridicule ne tuait pas. En attendant qu'il fût coupé en deux, le pays était plié en quatre, pour le meilleur et pour le rire, comme le déclara sans rire le maire éphémère de la capitale.La constituante s'était voulu révolutionnaire en introduisant de nouveaux droits inédits dans la loi fondamentale, tels le droit égal au bonheur de tous les citoyens. Le ministre de la réforme des institutions fit valoir que toute bonne constitution doit contenir des idéaux inaccessibles et des principes irréalisables, de telle manière que l'exécution des nouvelles dispositions constitutionnelles peut être revendiquée pendant de nombreuses décennies par les générations à venir. Mais il avait aussitôt proposé, faisant preuve d'un grand réalisme démocratique, d'inscrire un autre article au chapitre XIV bis de la constitution: 'Seuls ceux qui se taisent ont droit à la parole'.
C'est à ce moment crucial que les Nations Unies jugèrent opportun d'intervenir. En Absurdistan, l'âpreté des discussions politiques n'avait jamais fait couler le sang. La salive d'autant plus. C'était le signe avant-coureur d'une dangereuse liquéfaction du tissu sociétal dans un pays, qui avait toujours eu le mérite, dans toutes les statistiques internationales, classé par ordre alphabétique, de précéder l'Afghanistan, le Bénin et le Burkino-Fassau. C'est dans ce contexte aléatoire que M. I.Candide débarqua en Absurdistan, après un voyage en TGV, interrompu à plusieurs reprises par les passages à niveau protégés des grenouilles en saison de ponte. En sortant de la gare, l'éminent diplomate se vit entraîné dans une manifestation bruyante d'octogénaires, qu'on étiquetait "citoyens du moyen âge" et qui formaient depuis leur naissance le groupe de pression le plus puissant. Au fil d'élections anticipées répétées, les gris étaient devenu le premier parti politique au parlement, réduisant le parti des verts à la taille d'un minuscule groupuscule rouge. Les rares enfants qui naissaient encore étaient mis au monde par des mères d'emprunt payées à tempérament, tandis que les mères génétiques inconnues prolongaient leurs vacances de neige en faisant le pont - suspendu - jusqu'à leurs vacances de surf, incognito accompagnées par les pères stochastiquement probables de leur prochaine progéniture. Les bébés-eprouvette, autre curiosité absurdistanaise, naissaient avec un pétant bruit de bouchon, dès qu'au laboratoire les sages hommes décapsulaient les flacons arrivés à terme. Ce décapsulage, déclenché par ordinateur, donnait droit à une prime de naissance et à des allocations familiales à vie, remplacées à l'âge de 65 ans par une indemnité d'euthanasie obligatoire.
M. Candide nota dans son premier rapport qu'en Absurdistan l'analphabétisme s'étendait à toutes les couches de la société, mais moins que dans les autres pays. Dans les universités, en dernière année, il fallait réapprendre l'alphabet, car à la suite d'une utilisation excessive de l'ordinateur, les étudiants avaient désappris à lire et à écrire. Les professeurs lisaient encore, mais sans exagérer. Par contre, depuis la suppression de leurs assistants, ils avaient cessé d'écrire. Ainsi les gens devenaient de plus en plus suffisants, insuffisants et stupides. Ceci avait pour heureux effet que de moins en moins de personnes s'en rendaient compte, ce qui contribuait puissamment au bonheur de la société.
L'extraordinaire complexité des techno-structures décisionnelles à tous les niveaux des strates gestionnaires du complexe industrialo-idéologique absurdistanais, n'était toutefois pas de nature à décourager M. Candide, qui en avait vu d'autres, entre autres quand il avait présidé une mission commerciale en Antarctique, chargée de promouvoir la vente de frigidaires aux esquimaux. M. Candide comprit très vite que le pays réel était gouverné par les présidents des partis politiques, vingt-sept au total, qui depuis belle lurette s'étaient groupés en junte neo-démo-populiste. Contrairement aux dirigeants du régime précédent, qui montraient leurs figures à tout bout de champs, de rues et d'écrans, les présidents n'apparaissaient jamais à la télévision. Personne ne pouvait se targuer de connaître leurs traits. Ils ne se produisaient en public qu'à l'occasion de leurs enterrements alternés, une cérémonie programmée annuellement. Ils prenaient alors place derrière un mur, appelé 'mur du rapprochement', et ne laissaient voir que leurs seules têtes. Tous les 27 présidents semblaient parfaitement interchangeables, ce qui faisait dire à l'homme de la rue qu'ils portaient des masques pare-balles, particulièrement quand de petites filles leur offraient des bouquets de fleurs.
M. Candide fut conduit au palais présidentiel, où siègaient les 27 présidents réunis dans un corps à corps fraternel. La façade de l'immeuble, en style post-neo-non-figuratif, s'ornait du drapeau national et des innombrables drapeaux des états confédérés. Tous étaient uniformément gris, même le tricolore, composé de trois bandes verticales d'un gris identique. Un grand calicot était suspendu sous le balcon, qui disait: " Profitez du jour d'aujourd'hui, car demain sera pire". Sur une autre banderolle on pouvait lire: " Accordez nous votre confiance. Nous ne vous la rendrons pas, car nous la gardons en réserve à votre intention. En revanche, nous vous donnons notre parole, que nous vous retirons de temps en temps pour la donner à d'autres pour des raisons de justice distributive. Ces mêmes raisons, renforcées par la raison d'Etat nous incitent par ailleurs à être économe de notre mépris à cause du grand nombre de nécessiteux et d'ayants droit".
Arrivé devant l'entrée, une voix synthétique enjoignit M. Candide à insérrer sa main dans une ouverture murale. Une carte magnétique lui fut distribuée, qu'il lui fallut introduire dans une autre fente du mur. La porte s'ouvrit devant lui. Il se trouvait sur une immense esplanade que bordaient de hauts bâtiments abritants d'innombrables bureaux dont toutes les fenêtres avaient été murées. De l'autre côté de la cour un robot à silhouette humaine et à visage plus qu'humain s'avança, toutes antennes dehors et tous clignotants allumés.
Il baragouinait un jargon informatique incompréhensible - le niveau linguistique baissait, même chez les robots - en indiquant par gestes le chemin à I.Candide. Le parcours qu'il lui fit effectuer passait alternativement par de longs couloirs sans issues et par 26 salles entièrement dépourvues de meubles. 'L'année dernière à Nihilgrad', pensa M. Candide en se rappelant un film déjà très ancien dont l'inaction se déroulait à Mariënbad et qu'il avait pu voir lors du dernier festival du film préhistorique dans son village natal, Rêveville. Chaque salle du palais présidentiel s'ornait cependant d'un portrait de plusieurs mètres de haut, accroché aux cimaises du mur gauche. Celui-ci représentait probablement un des présidents, reproduit en pied. Une chose était toutefois remarquable: chaque visage était recouvert d'un grand cercle gris, complété à l'intérieur de celui-ci, du plus grand carré pouvant s'y inscrire. Le robot, qui avait remarqué la moue interrogative de M. Candide, proféra de sa voix artificiellement nasale: "Le cercle, c'est le visage; le carré, c'est le profil. Le visage est rond; le profil et carré. Ces portraits sont extraordinairement ressemblants. L'on sait encore dessiner chez nous".
Ils s'arrêtèrent devant la vingt-septième salle. Le robot se retourna et chuchota d'une voix de scie électrique: "La vingt-septième salle est le bureau du président provisoire de la junte perpétuelle des présidents. Le président incarne la dialectique de l'Un et de l'ON. Il représente la victoire du pluriel sur le singulier, de l'anonyme sur le dénommé, du masque sur la personne. Il dépense donc il est. Il pense, donc il hait. Le président est un créateur de vérité, qu'il partage avec ses concitoyens, non selon leurs mérites, mais selon leurs besoins. Car la vérité est heureusement divisible et multipliable. Le président leur distribue la vérité avec parcimonie; il veut leur éviter l'indigestion. Le pire mal de nos sociétés du 21ème siècle serait l'inflation de la vérité. En matière de vérité, nous devons pratiquer une politique déflatoire. Il faut me croire, insista le robot, car même en mentant je dis vrai". Voyant que M. Candide fronça les sourcils à l'énoncée de cette affirmation audacieuse, le robot poursuivit avec force: " Supposez que tous les robots soient des menteurs. Je suis un robot. Je suis donc un menteur. Par conséquent, je mens quand je dis que les robots sont des menteurs. Comme je suis moi-même un robot, je mens quand je dis que je mens, d'où il suit que je dis la vérité. Le robot menteur est dès lors un être exceptionnel qui dit la vérité lorsqu'il ment".
Le robot pianota ensuite une série de chiffres digitalisés sur un petit clavier et la double porte s'ouvrit silencieusement. La salle qui se présentait à leurs yeux était immense et construite en hémicycle. C'était là que dans un passé lointain le parlement se rassemblait. M. Candide se souvenait de cette salle. Il avait dans sa bibliothèque un petit livre qui avait pour titre: "Le Palais de la Nation". Il l'avait reçu en héritage d'un lointain arrière-grand-oncle qui n'avait pas survécu à la dernière année du régime démocratique du siècle précédent. Le brave homme, militant du mouvement anti-raciste 'coeurs transplantés sans frontières', était mort des suites d'un arrêt cardiaque survenu à l'occasion d'une réception qui lui avait été offerte par la police, déjà très politisée. C'était l'année aussi où les dernières élections libres avaient donné la majorité absolue à un parti gothique, dont le slogan électoral: "Notre peuple d'abord" avait fait un malheur. Ce qui par après s'avéra être tristement vrai, entre autres quand ce parti décréta que dorénavant dans tous les prétoires le crucifix devrait être remplacé par un gant de boxe.
M. Candide compara la salle où il se trouvait avec la photo de ce qu'on appelait jadis la Chambre des représentants et qu'il conservait avec précision dans sa mémoire. La statue du premier Roi dans la niche centrale avait disparu. Elle avait été remplacée par un grand cercle gris dans lequel
s'inscrivait un grand carré de même couleur. Les deux tableaux en demi-cercles, incorporés dans les murs et sur lesquels on comptabilisait électroniquement les votes des parlementaires, avaient été maintenus. Les tableaux étaient de couleur uniformément verte, témoignant du dernier vote intervenu, qui avait été un oui à l'unanimité. Les tableaux de vote avaient été vitrifiés dans cet état ultime afin de fixer dans la mémoire collective, même un demi-siècle plus tard, avec quel enthousiasme le dernier parlement du régime paléonto-démocratique avait confié les pleins pouvoirs à la junte des 27 présidents de parti. M. Candide laissa son regard errer sur les galeries, où le public prenait gratuitement place autrefois. Il dénombra, rangées entre les colonnes, 27 mitrailleuses pointées vers les sièges désormais disparus. De chacune des mitrailleuses s'échappait, pendillant par dessus la balustrade, une bande-cartouches vide. Pour le reste la salle avait été totalement dégagée. Le perchoir du président, la tribune pour les orateurs, les bancs des députés avaient été démontés. La grande salle donnait l'impression d'être abyssalement vide. Mais en y regardant de plus près, M. Candide découvrit, au centre de l'hémicycle, une minuscule table de dimensions lilliputiennes. En s'approchant, M. Candide distingua, posé dessus, un objet ayant l'apparence d'une pastille d'aspirine. Un mince fil y était attaché.
"Dans votre portugaise gauche", commanda le robot. M. Candide se demanda un instant pourquoi l'oreille droite se trouvait exclue. Après avoir introduit l'écouteur dans sa 'portugaise' - une familiarité de robot que le digne M. Candide désapprouvait -, un gargouillis se fit perceptible. Immédiatement après une voix artificiellement synthétique, dit avec un fort accent d'ordinateur polyglotte: "Vous parlez à l'Etat, qui est pour vous un état de grâce et qui vous administre sa grâce d'état. Ne posez pas de questions. Elles sont d'ailleurs connues. L'Etat ne répond pas aux questions
bêtes.Quant aux rares questions intelligentes, elles pré-
supposent la réponse. Je vous dis qu'ON s'occupe de vous. Laissez vous faire. Je vous dis qu'On me dit qu'il y a, dans ce pays, beaucoup trop de riches et pas assez de pauvres. Quel schandaaal". Lorsque les pronoms 'Je' et 'On' furent prononcés, la voix se fit lugubrement grave. Le mot scandale fut scandé d'une façon que M. Candide avait encore entendue sur un vieux disque, qui avait conservé les meilleurs discours de l'ex-secrétaire général de l'ex-parti communiste d'un Etat plus que voisin. Ensuite l'écouteur laissa entendre l'hymne national dans une version complètement atonale.
M. Candide resta impassible. Il ne cilla pas mais en son for intérieur, il se sentit totalement dérouté et décontenancé. Il soupçonnait depuis quelque temps que les 27 présidents se réduisaient en fait à un seul. Le régime maintenait un pluralisme de façade, afin de faire bonne mine à l'extérieur. Que les 27 présidents se soient concentrés en un seul, ne faisait d'ailleurs que confirmer la célèbre thèse du réductionnisme historique, exposée dans tous les manuels de thérapie de la vérité. Mais ce que M. Candide n'avait pas réalisé ou osé imaginer, c'était que ce seul et unique président était lui-même ramené à zéro, qu'il était inexistant. Les têtes des présidents qui apparaissaient de temps à autre au-desus du 'mur du rapprochement', n'étaient que des têtes à la Potemkine, maintenues par des marionnettes, elles mêmes manipulées par une main invisible, mais non pas innocente. L'horrible vérité éclata en lui à la manière d'un abscès mal soigné. Le pays n'était dirigé par personne ou alors par une puissance abstraite, une absence froide qui décidait de tout, régentait tout. Bref, par un ON vide, sans voix et sans regard. Le pouvoir se ramenait à un nombre indéfini, à une peinture non figurative sans couleur, sans forme, sans toile et sans cadre. L'énorme puissance sociétale se trouvait exercée depuis un immense trou noir occulté. Il était invisible non pas parce qu'il n'existait pas, mais parce qu'il se dé-robait, de par sa propre pesanteur, à la vue des citoyens.A vrai dire, il n'y avait ni régime constitutionnel, ni système institutionnel, ni structure politique. Il ne restait, par élimination de tout encombrement démo-populo-plébéien, que le seul pouvoir absolu absolument non figuratif et pleinement abstrait. Il apparut avec évidence à M.Candide que le cercle enfermant le carré, qui apparaissait à la télévision à l'occasion de chaque déclaration gouvernementale représentait la véritable effigie du pouvoir, la projection en deux dimensions de l'impersonnel le plus dépersonnalisé.
M. Candide écrivit dans son rapport qu'en Absurdistan la lutte entre Un et On faisait rage mais que toute imposition de la paix par une force multilatérale lui semblait totalement inefficace, le conflit entre Un et On ayant lieu à l'intérieur de chaque Absurdistanais.
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M. I.Candide, candidat aux prochaines élections communales en octobre 1994 et chaoticien - professeur chargé de l'enseignement du chaos - , ne parvint pas à se souvenir comment il avait regagné son appartement. C'est en sursaut qu'il se reveiilla au terme de son somme estival, suivi, comme d'habitude, de la rituelle dégustation de son café. Sa femme, qui le lui apporta, avait mis ce jour là et comme par hasard, un tailleur très gris frappé d'un motif géométrique presqu'obsédant: des grands cercles renfermant des carrés aussi grands que possibles. "Tout va pour le mieux avec la meilleure des modes possibles", marmonna M. Candide.